Pendant longtemps, l'originalité de la pensée musulmane a
souffert de la partialité des traducteurs et commentateurs. Jugée subversive par les pouvoirs religieux, elle a été défigurée, manipulée.
Bien des erreurs ont été commises par les orientalistes, que
seule une analyse rigoureuse peut détecter. Par exemple, nombre de confusions sont nées de l'amalgame entre soufisme et mystique musulmane. L'acharnement des commentateurs à faire cadrer les écrits volontairement ésotériques des grands penseurs musulmans avec les dogmes religieux de l'islam a réduit leur parole à de simples propos poétiques. L'échec, enfin, de toutes les tentatives d'études comparées entre le monisme existentiel et le panthéisme européen, tous deux opposés à la doctrine de l'unité de l'existence (wahdat al-wudjûd), a pour origine la volonté de considérer uniquement les traits les plus saillants de ces systèmes de pensée, en occultant certains liens plus subtils. D'origine persane, Djamchid Mortazavi restitue, grâce à sa profonde connaissance des mystiques orientales, la richesse et la complexité de la pensée musulmane.